création digitale | communication digitale | vente en ligne

Béatrice Warichet
Digital & Web Designer

J’ai créé LaSauce en 2013 avec un projet de gamification innovant : BattaKlang; une application mobile pour apprendre des mots de vocabulaire en Luxembourgeois par le jeu.

Depuis, j’ai étendu mes activités à d’autres thématiques digitales : la création de sites internet, la création de vitrines e-commerce, le marketing digital et les créations digitales.

Je réalise des projets, je propose des prestations de consultance sur les thématiques digitales et webmarketing et je donne des formations.

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Pourquoi nous mettre cette pression ?

Le moment est bien choisi pour partager une nouvelle chronique sur le quotidien des  entrepreneurs.

Il y a plusieurs années, j’ai décidé de quitter un emploi de cadre salarié très bien payé qui ne faisait aucun sens, contre un boulot très mal payé pour lequel j’avais une vision.

Dans cette vision, je montais ma boite et je savais comment je voulais la gérer. 

Je n’étais pas intéressée par le bruit des Pitchs, forums, salons et autres challenges d’orateurs. Je voulais réaliser mes projets et les vendre. Bien les vendre pour grandir et embaucher. Et réaliser plus de nouveaux projets.

Réaliser mes projets et les vendre

Pour lancer ma boite, j’ai vidé mon épargne. Depuis je veille à avoir une bonne trésorier et je n’investi que quand j’ai l’assurance de pouvoir rembourser. Je fais de longues journées et j’embauche prudemment. C’est clairement une approche qui va à l’encontre des standards business actuels où on nous fait croire que la réussite est dans l’audace et l’ambition.

C’est d’ailleurs pour cette raison que je peux pas faire partie des startups. Car les indicateurs prédominants du monde des licornes ne sont pas les innovations mais la croissance et les levées de fonds.

Pourtant je me sens audacieuse et ambitieuse. Pas avec mes sous! Mais avec mes idées, mes projets, mes réalisations.

Audacieuse et ambitieuse

Je prends des risques tous les jours : je fais des offres commerciales. Si je suis trop prudente, je n’aurai pas le contrat. Si j’évalue mal, j’en serai de ma poche. Si je me plante, je grille mon nom et ma société.

Idem quand je choisi une technologie : je vais sur un standard du marché – cher et lourd – ou je prends un produit alternatif qui peut disparaitre en pleine production.

Idem quand je défini mes priorités. Je prends plusieurs petits clients qui sont chronophages mais qui paient bien ou un gros avec qui je peux bien bosser si ça se passe bien – ou tout perdre si ça va mal.

Cela fait des longues heures à faire en plus du travail “normal” et que je ne peux pas facturer à mes clients.  

Si vous êtes vous-même entrepreneur, je ne vous raconte que des banalités. Mais si vous êtes salarié ou fonctionnaire, c’est important que vous compreniez le prix que nous payons pour notre autonomie. Elle ne nous est pas acquise. Nous la payons tous les jours (et souvent la nuit aussi).

Puisque je ne m’essouffle pas à courir le Pitch, je peux rester concentré sur ma production et ouverte aux opportunités business afin de créer de la valeur.

Ouverte aux opportunités business pour créer de la valeur

Et me voici, en janvier 2020, confiante et prête à embaucher mon premier salarié.

Une personne chaudement recommandée qui bénéficie de l’aide à l’embauche pour chômeur de + de 50 ans. 

C’est à dire de l’exonération de la part patronale des cotisations sociales. Ce n’est pas un traitement de faveur. C’est dans la loi. C’est un incitant fiscal au même titre que la TVA à taux super-réduit pour la rénovation immobilière.

En l’occurence, pour demander la TVA à taux super-réduit, il faut rentrer un dossier de 2 pages avec le devis de l’artisan et la situation cadastrale de l’immeuble. Si on a une réponse positive, l’artisan facture directement au taux super-réduit. Si le propriétaire triche, l’administration de la TVA lui tombe dessus. Simple, claire, pas d’avance, pas de remboursement. Une facture avec un justificatif et c’est tout.

Vous voyez où je veux en venir….

Prenez le temps de vous faire un café, la suite va être longue.

Exonération vs remboursement. Pourquoi avancer ce qu’on ne doit pas payer ?

Une précision dialectique : on parle d’exonération des cotisations patronales or il serait plus approprié de parler de remboursement trimestriel des cotisations patronales.

Pourtant, une fois que l’on a 50 ans, on ne va pas rajeunir. Donc si les critères ont été remplis à l’ouverture du dossier, la personne va rester éligible pour toute la durée de son contrat de travail.

Soit. Une procédure est une procédure. Faisons au mieux.

Pour prétendre au remboursement trimestriel des cotisations patronales, il faut rentrer un dossier de demande d’éligibilité.

Dans ce dossier de 4 pages, on doit annexer des documents et notamment le “certificat d’aptitude établi par le médecin du travail”.

La demande de rendez-vous à la médecine du travail peut être faite par email. Cependant, après plusieurs rappels et appels, je me fais notifier que, même en procédure d’urgence, mon employé n’aura pas de rendez-vous chez le médecin du travail avant juin 2020.

Soit. Cela peut arriver qu’un organisme soit engorgé. 

Je vais à l’essentiel et j’envoi mon dossier d’éligibilité à l’ADEM en argumentant que le document manquant leur sera délivré au plus tôt dans 4 mois. Mais que j’ai besoin de mes sous maintenant.

Et puis arrive la crise COVID-19. 

Les écoles ferment et mon employé doit rester à la maison pour s’occuper de sa petite dernière. Je trouve un arrangement avec mon client pour suspendre le contrat durant la crise (postpone not cancel) et nous lançons la procédure pour un congé extraordinaire pour raison familiale. Fin mars je fais les salaires et je m’attends à avoir un remboursement “extraordinaire”.  Je commence à avoir une boule au ventre au fur et à mesure que les jours s’écoulent et que je ne reçois. Puis j’apprends qu’il ne sera pas prévu de remboursement avant fin mai pour le salaire de mars. Que certain pourront avoir des avances. Mais que c’est la caisse qui décide qui peut en avoir et quand.

Soit. C’est assez humiliant mais je tiens bon.

Puis l’ADEM me rejette le dossier d’éligibilité pour cause de document “certificat d’aptitude établi par le médecin du travail” manquant. J’avais pensé que, eu égard à la crise, ils auraient été accommodants.

Soit. Je n’ai aucune alternative. Je vais devoir aussi avancer 2 voire 3 trimestres de cotisations patronales.

Et début de semaine, je reçois mes factures du centre commun pour payer mes charges patronales. Avec une lettre en annexe, où il est clairement mentionné que toutes les cotisations devront être payées. Que l’on peut éventuellement différer les versements sauf si on a de l’argent! Car si on a de la trésorerie, il faut faire preuve de “solidarité entre acteurs économiques” et payer tout de suite.

C’est à ce moment que j’ai décidé de faire cette chronique.

Startup nation, incubators, house of blabla

Pas pour me plaindre. Pour témoigner. De ce que vivent concrètement les entrepreneurs de la startup nation.

C’est déplorable cette idée véhiculée par le gouvernement que les entrepreneurs sont des profiteurs et des tricheurs. Pour profiter, il faut que les employés travaillent et que la firme facture. Recevoir des remboursement d’exonération et des frais, ce n’est pas profiter d’une situation. C’est faire le boulot de la banque.

Partout dans la presse on dit que l’État est solidaire, que l’Etat a compris, que l’État vous soutient. Mais non. l’État ne vous soutient pas. Les banques ne vous soutiennent pas.  Les personnes qui vous soutiennent vraiment, ce sont vos clients et vos fournisseurs. Et pour ceux qui ont de la chance, vos salariés.

Et pendant ce temps, le gouvernement, avec son mépris des préoccupations concrètes des entrepreneurs, continue à nous faire la morale par courriers et conférences de presse interposés.

Mais si ce gouvernement n’est pas disposé à sauver tous les entrepreneurs, il va devoir accepter que les entrepreneurs – eux – n’ont peut-être plus envie de sauver tous les fonctionnaires.

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